Exposition à l’Espace Saint-Martin de Haguenau du 1er au 16 septembre 2018.
« Visions hallucinatoires, visions sacrées ou simplement visions offertes par nos yeux, sont autant de pistes que les porcelaines d’Eva Jehlen tentent d’explorer.
A l’aide de la technique du coulage, elle donne à voir la magie de l’utilisation d’un moule, puisque l’empreinte et donc l’oeuvre réalisée ensuite, témoignent non seulement de la vérité de la forme qu’elles reproduisent, mais elles en sont aussi son interprétation.
C’est un peu comme donner l’asile, offrir un voyage à l’abri des menaces extérieures. Inviter à un rapprochement en montrant, à l’inverse de l’immensité du lieu, de petits objets de curiosités. Cette exposition a ainsi pour but de proposer un contraste entre les échelles qui se perdent, en trouvant le sacré non pas dans le grandiose mais dans la petitesse d’un objet précieux. Précieux et pourtant très quotidien à la fois. L’ambivalence est toujours si forte aux confins des centres hospitaliers, qu’elle imprègne cette manifestation. Entre le banal et la marginalité, il n’existe qu’un pas, et c’est sur cette oscillation que la jeune céramiste a choisi de travailler. La santé, la religion ainsi que l’art, qui représentent les 3 vies de ce lieu qu’est l’Espace Saint-Martin, sont trois versants d’exploration des marges de la société. L’identité y est toujours forte, et sans cesse questionnée, puisque l’Eglise autant que l’hôpital et l’atelier, travaillent sur l’intériorité. La figure humaine est à la fois très présente, mais aussi absente. On a de traces celles d’objets oubliés et magnifiés, vestiges ou offrandes. Le blanc immaculé de la porcelaine n’est que le reflet du milieu aseptisé mais fascinant de l’hôpital, tandis que l’or ramène aux plus beaux souvenirs d’une chapelle. Puis on met dans des boites. On enferme, physiquement et psychiquement, mais on contient aussi, on rassure, on enveloppe. On abrite et recueille l’objet autant que les souvenirs qu’il évoque, comme un puit de contemplation qu’on ouvre, pour y trouver refuge. Chacun cherche en cette histoire la sienne, et construit dans ce laboratoire son identité, à partir d’histoires morcelées et d’objets pérennisés. »